Journal de l'Agglo

Les festen de Guentrange, Illange et Koenigsmacker

Publié le : 21 février 2024

Article du Journal de l'Agglo Hiver 2023/2024

Le 25 novembre 1870, Thionville se rendait, après avoir subi un déluge de feu par l’artillerie prussienne. Désormais partie intégrante de l’Empire allemand, la désormais Diedenhofen doit moderniser ses installations défensives afin de contrer une éventuelle attaque…de la France.

Les derniers travaux de modernisation des installations militaire remontaient au XVIIIe siècle, des dispositifs qui avaient permis de faire face à trois sièges en 1762, 1814 et 1815. Il était temps de rrevoir la défense du territoire et de l’adapter aux nouvelles technologies. C’est alors que les ingénieurs militaires allemands développent, dans le cadre de la Moselstellung, le concept de groupes fortifiés ou Festen en allemand, un ensemble de bâtiments et d’organes de combats reliés entre eux par des galeries souterraines permettant de procéder à des actions coordonnées.

Un premier prototype est construit en Alsace, à Mutzig, suivi bientôt par ceux d’Illange (1904), Koenigsmacker (1905) et Guentrange (1906). La construction de cette dernière, la Feste Obergentringen, débute en 1899. Les travaux sont titanesques d’une part en raison de la situation élevée de la construction et d’autre part par l’instabilité du sol provoquant de nombreux éboulements et glissements de terrain.

Une Feste, comme à Guentrange, se caractérise par un ensemble de bâtiments reliés entre eux par des passages souterrains. Le centre névralgique repose sur la caserne centrale, élément majeur du dispositif puisque abritant machines, cuisines et chambrées dans un élément maçonné de 100 mètres de long, 7 mètres de large sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée est dédié à l’intendance et à l’usine tandis que les étages supérieurs abritent les pièces de nuit et infirmerie. Le soldat de la Feste travaille selon le principe des 3/8, impliquant une triple utilisation des lieux de repos. Point de lit chez le soldat allemand, mais un hamac qui, replié, laissait la place totalement libre. Le fort de Guentrange pouvait, notamment, abriter une garnison de près de 2000 hommes…

Jusqu’en 1918, les forts ne cesseront d’être modernisés. Les plus grandes industries allemandes vont mettre leurs compétences au service de ces ouvrages. Mais à la Libération, ces ouvrages sont déjà obsolètes : la Grande Guerre est passée avec son corolaire d’innovations. Ces constructions d’un peu plus d’une dizaine d’années sont déjà dépassées par l’armement des années 1920.

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